Terra mater
CASE NR.1
2021
"Imaginez une fraise au gout de New york, cette sensation métallique en bouche rappelant sans conteste son architecture industrielle, une autre au gout de Kandovan et de son architecture troglodyte dans ses terres de cendres"
Suite à l'écriture de mon mémoire "Sanguinaire 2.0", "Terra mater " est un projet prospectif et spéculatif né d'un travail de recherches et de rencontres scientifiques et agricoles. Basées autour d'une étude analogique de fonctionnement entre corps et territoire, ces recherches permettent d'observer des similitudes entre réseau sanguin et cours d’eau, acteurs d’une irrigation nutritive; entre intestin et terre, supports d’une microbiote intérieure, entre organes et végétaux, réservoirs d’une énergie puis entre ADN et terroir, patrimoine génétique de tout un système.
Questionnant notre futur alimentaire, notre rapport à la terre et l’importance de l’identité culinaire, ce projet nous interroge quant à la place et à l’impact actuel et futur des cultures hors sol; un mode de culture bien loin du schéma traditionnel (terre, eau, produit), dépourvu de terroir et ne cessant de croitre pour pallier à des problématiques écologiques et démographiques.
Bien qu’indispensables et inévitables, ces cultures nous questionnent sur la pérennité de l’identité territoriale sur le culinaire, tendant par conséquent, à rendre le terroir comme l’un des enjeux de notre futur alimentaire.




Comment permettre au terroir de persister à travers le temps et l’espace dans lequel nous nous trouvons par le biais de ce mode de culture ?


Ainsi, se fondant sur l’élaboration et l'irrigation de nouveaux ADN à travers la structure de ces cultures hors sol, ce projet se propose de se tourner vers de nouvelles formes identitaires et narratives en transfigurant de nouveaux terroirs issus d’une ville, d’une architecture.
S’illustrant à travers une dégustation expérimentale et conceptuelle autours de fraises hors sol, nourris de ces ADN fantasmés, ce projet émet ainsi la possibilité de préserver la notion de terroir, parallèlement à la possibilité de faire émerger de nouvelles émotions culinaires.


















NEW YORK
ADN-1
New York devient au milieu du XIXème siècle, la ville à l'architecture d'acier permettant de ce fait, l'émergence de grandes structures telles que le pont de Brooklyn ou encore le gratte-ciel Chrysler Building au style Art Déco, devenus entre temps les emblèmes de la ville.
L'ADN gustatif de ces fraises devient subtilement métallisé entre la saveur du poivre de Timut combinée à celle du fer.
SHIBAM
ADN-2
Ville antique du Yémen, Shibam surnommé le "Manhattan du désert" a construit son identité culturelle à travers son architecture vernaculaire faîte en briques de terre crue, un mélange de paille, d'argile et de balles de riz, cuites ensuite au soleil.
Aux fraises s'ajoute une saveur de paille et d'argile combinée à la saveur épicée, chaude et légèrement amère du safran.
LE HAVRE
ADN-3
Ville neuve devenue le symbole d’une France renaissante et de l'architecte Auguste Perret, le Havre puise son ADN à travers son architecture en béton armé. Ce matériau offrant de multiples possibilités d’expression plastique, se caractérise par une porosité importante. Il n'est donc pas rare de voir de mauvaises herbes croître à travers les fissures d'un bâtiment en béton au détour d'une ruelle du Havre.
L'ADN de ces fraises est un subtile mélange entre les saveurs de l'ortie et du pissenlit.
KANDOVAN
ADN-4
Le village de Kandovan, niché en Iran au pied du volcan mont Sahand éteint depuis 11 000 ans, s'inscrit dans une architecture dite troglodyte. Les habitations ont été formées par les cendres et les débris d'anciennes irruptions.
Ainsi les fraises à l'ADN de Kandovan ont un arrière goût de terre fumée permis grâce à l'association de la betterave fumée et du café torréfié.